Choisir votre pharmacien, c’est votre droit! 

Depuis les années 2000, de plus en plus de patients se voient prescrire des médicaments que l’on qualifie de spécialité. Que sont-ils exactement? Les médicaments de spécialité peuvent être prescrits dans des cas de maladies chroniques ou complexes et parfois même pour des conditions rares. La plupart de ces traitements sont très coûteux et certains peuvent nécessiter des soins ou suivis particuliers, notamment pour en assurer leur administration (par exemple une injection).

Pour plusieurs de ces médicaments, des programmes de soutien aux patients (PSP) ont été mis sur pied par leurs fabricants afin de faciliter l’aide au remboursement et l’aide financière lorsque requis pour le patient ou encore pour offrir des services pour le suivi de la thérapie.

Toutefois, il faut savoir que des pratiques interdites qui vont à l’encontre des droits et des intérêts des patients se sont installés au fil des années.

En effet, au moment de se faire prescrire sa médication, les patients, souvent en situation de grande vulnérabilité, sont dirigés vers des pharmacies dites « de spécialité » par le biais du PSP qui entretient des relations préférentielles avec une poignée de pharmacies et autres tiers, ce qui est pourtant interdit par les lois et règlements en vigueur. Aucun fabricant, grossiste, clinique de perfusion, professionnel de la santé, assureur ou employeur ne peut imposer un choix de pharmacie ou exercer une pression sur un patient[1].

Le patient a le droit de choisir son pharmacien et il devrait être en mesure de prendre une décision éclairée.

Tous les pharmaciens au Québec ont les connaissances et le droit de pratique requis pour évaluer l’ensemble des traitements médicamenteux d’un patient et en assurer un suivi et une prise en charge adéquate.

Les thérapies sont en constante évolution, depuis toujours, et les pharmaciens se forment de façon continue pour répondre à ces changements et s’adaptent.  Il en est d’ailleurs de leur responsabilité professionnelle.

Ainsi, aucun intervenant gravitant autour d’un patient ne peut prétendre que son pharmacien habituel ne sera pas en mesure d’offrir le même niveau de soins qu’une pharmacie désignée par un PSP.

Pour éviter une fragmentation des soins 

Si vous recevez un médicament dit de spécialité provenant d’une autre pharmacie, faites-lui-en part. Ceci est particulièrement important afin d’assurer une analyse sécuritaire et globale du dossier, notamment pour la vérification des interactions médicamenteuses, ainsi que pour assurer un accompagnement adéquat et personnalisé tout au long du traitement.     

Les pharmaciens communautaires ont l’avantage de connaître leurs patients et leur situation de santé dans leur intégralité.  

Il est dans l’intérêt des patients d’être pris en charge de façon globale par sa pharmacie habituelle, si tel est son choix. 

« Avec mon pharmacien habituel, je bénéficie d’un service bien plus personnalisé, car il connaît l’ensemble de ma condition de santé et mon historique. C’est mon pharmacien qui me conseille quand j’ai besoin d’antibiotiques, vu mon immunosuppression, ou quand ma tension artérielle est trop élevée. Les gens qui, comme moi, doivent vivre avec une maladie chronique et qui sont dans un état de grande vulnérabilité, peuvent garder le contrôle sur leur thérapie et sur leur vie, malgré ce qui peut être dit par certains groupes ou individus. Et cela débute par le choix de la pharmacie où nous souhaitons recevoir nos médicaments » – Isabelle, patiente atteinte deux maladies auto-immunes, dont la maladie de Crohn 

« Le fractionnement des soins des patients est complètement incohérent. Les 7 000 pharmaciens au Québec et leurs équipes ont eux aussi la capacité et les habiletés pour bien servir leurs patients. Ils sont largement présents dans toutes les régions et sont facilement accessibles, en toute proximité. Nous répondons aux patients, quotidiennement, et c’est nous qui sommes là pour tous les besoins, petits et grands. » – Judith Choquette, pharmacienne propriétaire à Longueuil 

Pour plus d’information sur les programmes de soutien aux patients ou l’aide financière, il est possible de consulter ici un feuillet explicatif.  

Saviez-vous qu’un petit groupe d’individus, aux côtés de certains joueurs de l’industrie pharmaceutique (certains fabricants et leurs programmes de soutien aux patients), ont recours à des stratégies non conformes qui contreviennent à la Loi sur l’assurance médicaments et au Code de déontologie des pharmaciens et qui leur permettent d’accaparer la majorité du marché des médicaments de spécialité?

En effet, six pharmacies dites de spécialité se partagent 40 %* du marché des médicaments de spécialité au Québec. Cette situation menace la pérennité du réseau des pharmacies au Québec en complexifiant le parcours de soins du patient et en réservant les profits qui en découlent à une poignée de pharmaciens. Ces profits pourraient pourtant bénéficier à l’ensemble du réseau de pharmacies communautaires en contribuant au maintien ou à l’amélioration des services offerts en première ligne aux patients.

Au moment où le gouvernement du Québec s’apprête à élargir à nouveau le champ d’action des pharmaciens en première ligne de soins avec le projet de loi 67, il est important d’assurer la vitalité du réseau de pharmacies de proximité que nous connaissons aujourd’hui, présent dans toutes les régions et les communautés du Québec.

*Patients couverts par la RAMQ pour l’année 2023-2024

Action collective 

En raison de pratiques commerciales interdites et fautives perpétrées par certains groupes et individus, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) a déposé une demande d’autorisation d’intenter une action collective contre dix de ses membres pharmaciennes et pharmaciens propriétaires de six pharmacies, contre trois gestionnaires de programmes de soutien aux patients (PSP), ainsi que trois réseaux de cliniques de perfusion. Cliquez ici pour en savoir plus.

Pour dénoncer une situation où les lois et les règlements ne sont pas respectés et où vous subissez des pressions afin d’obtenir un service auprès d’une pharmacie que vous n’avez pas choisie, il est possible de contacter votre pharmacien ou encore la RAMQ aux coordonnées suivantes :

SITE INTERNET  

Dénoncer une personne ou une situation | Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) (gouv.qc.ca) 

Consulter le site internet de la RAMQ sous la section « Dénonciation », accessible au bas de la page sous « Vos droits ».  

TÉLÉPHONE  

1 877 858-2242  

POSTE   

Régie de l’assurance maladie du Québec Dénonciation C. P. 6600, succ. Terminus Québec (Québec) G1K 7T3 


[1] Ces actes sont contraires au Code de déontologie des pharmaciens (chapitre P-10, R. 7) et à celui des médecins (chapitre M-9, r.17, art. 27), en plus de contrevenir à la Loi sur l’assurance maladie (chapitre A-29, art. 2). 
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